Matéo MF

          Sans chichi, l'électricité lyrique de Matéo MF révèle bien son aspiration et sa force musicale. Sa musique et ses textes abrupts le rapprochent de Noir Désir, Thiéfaine, Renaud. Côté scène, on trouvera du Brel ou du Mano Solo. De la plénitude dans son style, sans poésie déplacée ou lourdingue. Des sons cisaillés de guitares survitaminées, une voix qui parfois jette dans la douleur, une rythmique à la fois endiablée, douce et calme, tranchent avec l'expression de sa révolte juvénile et d'un désespoir malicieux. L'étrange en revers de manche, la pointe d'humour comme une écharde. Sa machine est lancée, en solo ou en quartet, et nous ne souhaitons pas l'arrêter avec son premier album, Mis bout à bout, foisonnant, direct et instinctif.

 

 

 



Premier album (9/12/16)

Mis bout à bout

10€


 

Après des années à arpenter routes, rues, cafés-concerts et petites salles, Matéo MF a sorti son premier album. Pas étonnant qu'il soit un album initiatique, qui bat le pavé, harangue le passant, transpire la chaleur des bars, s'offusque de la ghettoïsation des villes, et courbe humblement l'échine quand il faut s'en retourner dormir sur un palier d'immeuble.

 

Après des années à chanter dans de nombreux groupes, à travailler en collectif, en association, et à alimenter l'énergie à plusieurs plutôt qu'en solitaire, pas étonnant non plus que les sept chansons de l'album voient défiler une douzaine de musiciens invités, aux compétences multiples (musiciens, compositeurs, arrangeurs), mais amis avant tout.

 

Après des années à parcourir différents univers musicaux et artistiques, pas étonnant que chacun des titres nous entraîne dans une direction opposée : Mais pas que ouvre les hostilités dans un flow saturé de rap et de rock, Mes copines à moi et son accordéon font la part belle à la chanson théâtrale qui n'est pas sans rappeler Jacques Brel, les cuivres de Trois océans tendent vers un ska, en vers libres et pourtant désespérés, Jacques a dit est un question-réponse permanent entre un narrateur et des dizaines de protagonistes assistant à la même scène de hold-up. Le morceau suivant, Ça fera pas la une, offre une balade acoustique, un répit avant le brûlot punk-rock Dans mon Scaphandre qui vient régler son compte à cet album bigarré. Enfin, à moitié caché derrière une courte plage de silence, le titre bonus Où est-ce que tu dors ce soir ? est presque slamé, sur un piano épuré, que viennent enrichir une harpe et une clarinette, trois instruments inédits dans le reste du disque. L'émotion est de mise, quel que soit le registre.

 

« Matéo MF est une expérience inventée pour la scène avant tout. En créant ce disque, il a fallu chercher autre chose, trouver des chemins artistiques qui conduisent ailleurs que sur scène, tout en conservant le fourmillement, le rebondissement permanent qui m'est cher. Ainsi, tous les morceaux possèdent des ambiances sonores, des clins d’œil, des extraits d'autres albums, des interventions impromptues qui viennent pimenter le simple enchaînement de titres. Dans la même optique d'originalité, tous les arrangements ont été revus, voire chamboulés, pour faire de cet album un objet inédit, qui volontairement aille chercher ailleurs que ce qui se passe sur scène »

 

Attachez vos portables, éteignez vos ceintures, le Scaphandre va s'ouvrir...


crédit photo : Christian Verrouil